Qu'est-ce que la vie ou en d'autres mots, n'est-ce que cette chaine d'actions et réactions, quelle est cette sensation plus profonde que j'ai parfois, puis vivre cela, le réaliser dans ma vie de tous les jours?
Vous ne pouvez pas amener l'éveil dans votre vie quotidienne, vous devez amener votre vie quotidienne à l'éveil que vous avez réalisé et qui vit en tant que vous-même, soumettre entièrement votre vie à la lumière de la conscience.
Vous ne pouvez pas mettre le Coeur dans les parties de votre vie quotidienne, mais les parties de votre vie doivent être soumises au Coeur.
Pour découvrir ce qu'est la vie, soyez vivant. D'une certaine façon c'est comme pour tout autre chose: comment voir? Voyez! Comment écouter? Ecoutez! Comment Etre? Soyez, soyez réel. Bien que beaucoup de gens se plaignent de nos jours de n'être plus en contact avec ce qui est authentique en eux, en fait tout le monde a un sens de ce qui est réel. Le réel en nous-mêmes, c'est ce qui est conscient, en ce moment même.
La conscience est vivante, présente, ici, elle est la source de la vie, complètement présente, sans effort, toujours là, et c'est le cas pour chacun! C'est pour cela que c'est si simple! C'est là avant la pensée "je" et "autre", avant la supposition d'un "moi" et de tout ce que cela implique.
Croire en un "je" c'est croire en quelque chose qui n'est pas là, et se répéter constamment que l'on est quelque chose que l'on n'est pas, comme "je suis comme ceci, je suis comme cela, je suis une telle personne", quoi que ce soit, ce n'est pas vrai, ce ne sont que des pensées, des croyances, et elles continuent a s'amasser comme une boule de neige qui roule, "ils sont comme ceci, il ou elle est comme cela, ceci est comme ceci ou cela, il/elle/ils/cela devraient être comme ceci ou cela" et ainsi de suite… "je veux ceci, je ne veux pas cela".
Qu'est-il advenu de la simplicité originelle d'Etre, innocente de manques ou de besoins? Peut-elle se perdre? Pas vraiment. Les pensées sont entremêlées avec le temps, avec le monde. Mais en un instant, hors du temps, un rêve qui semblait durer une minute, une heure, un jour ou plusieurs années se termine, disparaît dans son origine qui est toujours consciente, ici, complètement tranquille et intouchable par ce qui apparaît sur elle, en elle, et qui n'est pas différent d'elle. Cette conscience primordiale est vibrante, énergétique, elle danse en tant que toutes les formes, elle bouge et forme, et pourtant elle n'est faite de rien du tout, ce rien qui est conscient.
Présente quelles que soient les complexités que l'on puisse rêver, avant le sens le plus subtil du "moi", la conscience est inatteignable, insaisissable. N'étant pas un objet, elle est toujours là, en tant qu'elle même, ici et maintenant. Vous ne pouvez pas étendre votre main pour toucher la même main! Vous pouvez voir les yeux de tout le monde autour de vous, mais pas les vôtres, pas sans un miroir du moins. Cela signifie qu'on ne peut pas l'atteindre, qu'il n'y a rien à achever, la conscience ne peut pas s'atteindre ou s'achever elle-même.
On peut remarquer la différence entre être authentiquement soi-même ou prétendre être quelque chose que l'on n'est pas. Présumer être quoi que ce soit est une forme de prétention. Tout habit est un costume, et nous ne sommes pas nos habits. Nous sommes tout nus sous nos habits, et encore, nous ne sommes pas nos corps non plus, ce n'est qu'un autre costume. Nos pensées, nos émotions sont encore d'autres costumes.
L'impulsion vers l'authenticité, vers vivre une vie authentique, vient de la même impulsion vers la liberté à tous les niveaux, l'impulsion vers la liberté spirituelle, l'impulsion de découvrir et de vivre à partir de ce qui est vrai.
Si nos yeux sont bons, nous pouvons facilement voir la différence entre une fleur réelle et une fleur en plastique, et si nos yeux ne sont pas bons, nous pouvons les toucher et sentir la différence.
Qu'est-ce qui rend la vraie fleur vraie? Quelle est la différence entre penser à une pomme, parler d'une pomme, et en fait cueillir une pomme et en prendre un morceau.
On peut parler de l'Eveil, de la Vie, de la Vérité, de l'Illumination, de la Libération, et de toutes les idées que l'on a sur la signification de ces mots. Ils signifient beaucoup de différentes choses pour chacun, amenant de la confusion au lieu d'indiquer ce qui est, être non-conceptuellement.
On peut parler de toutes les suggestions, méthodes et non-méthodes pour être authentique, mais ce ne sont que des mots, des idées, des théories. C'est indirect, 'au sujet' de quelque chose, c'est une projection dans le futur, c'est tourner en rond dans ses pensées, au lieu en fait d'Etre et d'observer ce que l'on est, et ce qui se passe ici et maintenant. Il n'y a pas de futur. Il n'y a pas de passé. La notion du temps est un concept, c'est tout, il n'y a personne qui est perdu, confus, endormi et qui doit s'éveiller, même dans un Maintenant qui semble glisser si facilement hors de portée.
Ce qui est réel est toujours conscient, il n'y a pas de divisions dans la conscience, elle est au singulier, déjà et toujours éveillée, elle n'est limitée à aucun corps ou forme particuliers. C'est sur quoi, en quoi ou à quoi apparemment apparaissent tous les corps, formes, tous les mondes, toutes les formes de vie, toutes les expériences des formes de vie, dans l'état de veille ou dans tout autre (ainsi appelé) état de conscience - littéralement personne.
C'est le choc libérateur de la réalisation qu'il n'y a personne derrière tout cela, littéralement personne, et donc aucune résistance à la vie, à la liberté d'être. Cette liberté est inhérente à tout ce qui émerge de, ou apparaît spontanément et naturellement dans cette conscience. Cette conscience vide derrière tout a été appelée par le Bouddha le Non-Conditionné, le Non-Né, ou le Sans-Mort (qui ne peut pas mourir). La vie, la vie réelle, qui est non-conditionnée, non-fabriquée, non-pensée, a la qualité d'être sans naissance et sans mort.
Les mots ne sont pas suffisants pour décrire ce qui est au delà des mots. Une fois que c'est clair, un instant d'ouverture dans la grâce, les mots (en incluant ces mots-ci) peuvent être joyeusement balayés, ce qui est dit à ce sujet n'est certainement pas ce qui est.
Voici d'autres questions: Qui était là en premier, la vie ou la conscience de la vie? Qu'est ce qui était là en premier, l'univers, ou la conscience de l'univers? Y a-t-il une différence? L'univers est-il dans la conscience, est-ce une fabrication de la conscience, est-ce un mirage, pas vraiment là, ou est-ce que c'est comme un mirage, l'observateur lui aussi est-il un mirage, apparaissant sur l'écran de la conscience? Le monde, l'esprit, la conscience, dont tout semble être fait, d'où est-ce que cela vient? Qu'est-ce que je suis? Quelle est la relation entre le temps et l'intemporel? Le temps semble passer de plus en plus vite avec les années, il semble doubler ou tripler de vitesse comme le disent beaucoup, et pas seulement en ces temps modernes! Le Bouddha dit-on, encourageait ses étudiants à ne pas perdre de temps, à ne pas remettre à demain, mais de réaliser la vérité aussi vite que possible, ce qui veut dire maintenant, et il mettait en garde que la vieillesse s'approche comme un voleur dans la nuit, que le temps passe si vite, qu'une vie tout entière peut sembler passer en un clin d'oeil.
Cela ne demande absolument rien d'être en vie, la vie est énergie en jeu, la force de vie ne peut pas être fabriquée ou détruite, cela ne prend pas de temps pour être en vie, et rien ne peut ou n'a besoin d'être fait. Soyez tranquille, maintenant, débranchez la prise de la machine des rêves, et ouvrez-vous instantanément à ce qui a toujours été ouvert, découvrez par vous-même, pour vous-même, directement. Regardez: le soleil se lève, brille et se couche, le vent souffle et se calme, les branches des arbres se balancent dans le vent, les chiens aboient, la neige tombe, le camion klaxonne.
Là, voyez, ce moment, être comme nous sommes, l'esclavage de croire en un "moi" séparé de la vie, ou d'être qui ou quoi que ce soit, est terminé.
Etre éveillé, est synonyme avec être vivant, être vraiment ici, et en fait nous sommes toujours ici, toujours vivant, que le corps soit là ou non. Avant la pensée, avant que le film dont la vedette "je" soit rêvé par la conscience, il y a la conscience primordiale brillante toujours présente. Toute vie vient d'elle, est remplie d'elle et n'est rien d'autre qu'elle. Juste comme elle est. Observez, elle est là, dans les particularités de ce qui se passe juste maintenant, exactement ou vous êtes maintenant.
Quand la vie semble s'échapper, une question à se poser est "qu'est ce qui s'échappe? et à qui cela arrive-t-il?" Se poser vraiment la question, de tout coeur: "Qu'est-ce que je suis? Qu'est-ce que la vie? Qu'est-ce que tout cela?" Questionner, avec une sincérité et une intention totale, avec tout son coeur, "je veux vraiment, vraiment découvrir, maintenant, en ce moment même, ce que je suis réellement". De quoi avons-nous besoin pour arrêter de rêver? Si un rêve, par définition, et par expérience, n'existe pas, comme un mirage, comment terminer ce qui n'a jamais commencé? Essayer de l'arrêter ne fait que continuer le rêve.
Qui, maintenant, rêve, et qui s'arrête de rêver? Qui ou quoi, est présent derrière tous les rêves, conscient durant le jour et la nuit, brille à l'intérieur de toute forme de vie, est derrière tout ce qui apparaît, la base de tout ce qui est connaissable et inconnaissable?
Personne n'a jamais été séparé de la vie, en dehors de la vie. C'est juste une illusion que l'on croit, un sentiment d'être divisé, qu'il semble y avoir une division avec la vie, et avec cela le sentiment d'être une victime des circonstances de la vie.
Il y a une autre question à poser, sincèrement, de tout son coeur : "Comment quitter le connu et entrer dans l'inconnu?" C'est un koan, car le "je" est l'essence du connu, c'est le connu. Il est impératif d'être libre du connu, ou de la croyance en un "moi", bien qu'il n'y ait pas de "moi" dont se débarrasser, et il qu'il n'y ait pas "quelqu'un" qui puisse être libre du connu. Essayer de se débarrasser d'un "moi", du connu, est aussi l'activité du connu. La culmination, le moment de réalité du cheminement spirituel tout entier, est le moment, l'instant, Cet instant, lorsque l'on quitte le connu pour l'inconnu. Quitter le rêve pour le Réel. Quitter le temps pour l'intemporel.
Ce que nous sommes, toujours présent, est là, sans aucun doute. Ce n'est pas construit par les pensées, ni produit par les actions, nous sommes toujours et seulement cela. C'est le point commun à chaque instant, état, forme, c'est la base de tout. Etre réel, c'est s'abandonner au Coeur au lieu de s'abandonner au doute, de laisser derrière soi un "je" imaginaire pour ce qui est, était et sera toujours conscient, ce qui est tout simplement ici, dans la simplicité de la respiration, de sentir des odeurs, de toucher et d'être touché, d'être ouvert a ce qui est présent et être disponible pour ce qui peut ou non se passer. La vie est essentielle.
Lorsqu'on réalise qu'il n'y a vraiment pas de temps à perdre, c'est la réalisation que le temps n'est pas réel, on arrête de reporter, et de prétendre. Lorsque c'est pour de vrai, on laisse derrière soi ce qui est faux, ce qui est réfléchi, c'est la fin du rêve, la fin du doute fondamental sur ce qui a toujours été, toujours été évident, c'est la fermeture de la grande division, et l'ouverture dans l'étendue illimitée de la vie….
Si la vie de tous les jours est de renier la vie, une expression de doute, de peur et de compromis, de rêves, elle doit être abandonnée lorsque le feu vivant du Réel et de la Libération brule. C'est exactement comme se réveiller d'un rêve la nuit. Lorsque l'impulsion de s'éveiller arrive, et que l'on s'y donne, le rêve disparaît, il doit disparaitre.
Si l'on résiste (et c'est toujours un apparent "je" qui est le moteur du rêve), alors le rêve continue. A un moment donné, on réalise que ce n'est qu'un rêve, une pensée, que le "je" est aussi une pensée, rien de concret, alors le rêve se dissout dans la lumière du jour. C'est la même chose pour le rêve de l'état de veille, il est abandonné dans cette Présence vivante qui est si évidente et toujours ici.
Et puis, la vie continue, comme elle est. Les choses qui ne sont pas alignées avec cette façon naturelle de vivre vont disparaitre tôt ou tard.
La nature originelle ou la conscience primordiale n'est pas une chose, on pourrait l'appeler le non-chose qui est aussi le non-rien, on pourrait aussi l'appeler l'actualité cognitive, ou le réel conscient, dont la nature est Présence. Quoi qu'il se soit passé dans une vie, même si elle semble être horrible ou outrageusement compliquée et difficile, ou qu'un esprit semble être en conflit ou plein de douleur, cette nature originelle, qui n'est pas limitée au personnel et qui n'est pas une chose, est toujours lumineuse et libre, libre de conscience et d'inconscience.
Tout ce qui a été pensé dans une vie, toutes les expériences plaisantes et traumatiques, tous les résultats karmiques bons ou mauvais, rien n'a jamais touché Cela, ce qui est toujours libre.
Un appel authentique pour la Libération, en soi-même, vient du Coeur authentique, de ce qui est avant que les conflits intérieurs et la confusion soient nés, avant la division de l'inconnu en observateur et observé, en sujet et objet, forme et sans forme, "je" et autre. Il n'y a qu'une possibilité, et c'est le fait qui est maintenant. Cette conscience est inconnue et ne peut pas être comprise par le mental, mais elle n'est certainement pas cachée, en fait elle est toujours évidente en tant que ce qui est là, toujours là.